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gene@lillie
17 mai 2016

Mon aiguille dans une meule de foin : le couple BOUTRY-LEFEBVRE au 19ème siècle à Paris

 Je fais le choix d’ordre général d’exposer ici mes recherches fructueuses et les étaye, en explique les dénouements, voire même retrace le mode opératoire m’ayant conduite au but ultime.

Aujourd’hui, je prends le pli de soumettre une grande inconnue, une de mes quêtes généalogiques…. J’ai nommé celle concernant le couple BOUTRY/LEFEBVRE.

Voyons l’état des lieux de mes connaissances sur ce couple.

 

Pour plus de clarté dans l'exposé, voici une capture d'écran de la fiche de ce couple, Félix Anatole LEFEBVRE étant mon aïeul descendant de ces deux personnes. 

hEREDIS

Frédéric Athanase LEFEBVRE :

Fils légitime de Louis Lutée LEFEBVRE, tisserand et tourneur sur bois et de Julie Perpétue Radegonde EUDE, il nait le 07.12.1830 au Hanouard, commune de Seine Maritime (76), en Normandie.

Le Hanouard (76) carte issue d'Heredis

 

Il est le 3ème d’une fratrie de 6 enfants et compte pour frères et sœurs :

- Casimir LEFEBVRE (1826- ?)

- Julie Adèle LEFEBVRE (1828-1870)

- Emile François LEFEBVRE (1833- ?)

- Augustin Charles LEFEBVRE (1835-1907)

- Marie Eloïse LEFEBVRE (1838- ?)

 

Les ancrages géographiques de la famille LEFEBVRE et alliés se situent dans le département de Seine Maritime : Sasseville, Grainville-la- Tainturière, Ourville-en-Caux, le Hanouard. Quant à la famille EUDE et consorts, il s’agit de Bolbec, le Hanouard, Héricourt-en-Caux.

Hanouard carte

Il termine  son service militaire dès 1857 à Rouen puisque lors de son mariage civil il est mentionné qu’il lui a été délivré son certificat de libération de classe pour le produire lors de son union. Les archives départementales de Seine Maritime ne livrent pas d’éléments sur les registres militaires avant 1867, de fait je ne dispose pas d’éléments concernant son parcours militaire, ni ses mutations domiciliaires.

 Toutefois, je suis en mesure d’indiquer qu’il réside à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) en 1857 lorsqu’il s’unit à sa promise. Ses parents ne sont pas présents à son union, son père réside à Rouen, donnant alors par acte notarié son consentement au dit mariage, sa mère quant à elle procédant de même par acte notarié à Ourville, mentionnant sa résidence toujours au Hanouard. Ce couple marié semble ne pas vivre ensemble, hormis à l’époque de leur union et des naissances de leurs enfants….Mystère que je ne suis pas encore parvenue à démonter....

 Notons que ces deux parents décèdent respectivement : Julie EUDE à Grainville-la-Teinturière (76) en l’Hospice du couvent de la Charité à l’âge de 62 ans le 09.04.1870 ; Louis Lutée LEFEBVRE décède quant à lui à Rouen, le 08.02.1878, en son domicile.

 

 

Dorothée Joséphine Aurélie BOUTRY :

         Dorothée Joséphine Aurélie BOUTRY nait le 12.06.1839 à Paris, 4ème arrondissement, fille légitime de Gustave Alexandre BOUTRY (26.05.1808 à Meaucé-22.01.1849 à Poissy), serrurier à la manufacture de Sèvres et de Françoise Joséphine CELLEROT(04.05.1810 à Meudon-05.09.1887 à Saint-Germain-en-Laye),  cuisinière de son état.

 A ma connaissance, Dorothée est l’aînée du couple BOUTRY/CELLEROT qui s’est unit le 13.07.1833 à Meudon. Sauf erreur ou par manque d’information de ma part, Dorothée est le premier enfant du couple qui vient au monde presque 6 ans après leur union. Suivent :

 - Louise Victoire Sophie BOUTRY (21.07.1842 à  Sèvres- ?) 

- Gustave Alexandre Constant BOUTRY (23.02.1844 Sèvres-20.06.1847 Sèvres)

 

La famille BOUTRY est une famille qui provient originellement d’Eure-et-Loire (28) dans les communes de Meaucé, Fontaine-Simon. La famille CELLEROT et alliés tisse quant à elle ses racines dans les communes de Meudon (91) mais aussi de Mirebeau-sur-Bèze, Jancigny, Tellecey, communes de Côte-d’or (21).

 

Mirebeau sur beze carte Google (21)

         Dorothée perd son père dans la force de l’âge de 40 ans en 1849 à Poissy, alors même qu'une épidémie de choléra répand la mort sur Paris et ses communes limitrophes.  On retrouve la trace de Dorothée en 1857 alors qu’elle s’apprête à se marier : elle réside avec sa mère à Saint-Germain-en-Laye. Françoise CELLEROT, sa mère, semble s’être remariée avec un dénommé Pierre Eugène MAILLARD (1825 à Beauvais-22.03.1873 à Saint-Germain-en-Laye). Je ne suis pas encore en possession de l’acte de ce remariage, si tant est que ce couple se soit uni civilement. 

 

Union et vie familiale du couple BOUTRY et LEFEBVRE :

 

         Frédéric Athanase LEFEBVRE s’unit à Dorothée Joséphine Aurélie BOUTRY le 07.09.1857 à Saint-Germain-en-Laye. Sont présents à cette cérémonie la mère de l’épouse, Françoise CELLEROT, Paul Auguste MAGNIN et Louis Frédéric BARBARE, amis de l’époux, Christophe HANON et Louis Pierre Frédéric MARTSAULT, amis de l‘épouse. Frédéric signe avec Françoise CELLEROT et trois des témoins, l’épouse ne sachant le faire.

 

Le couple BOUTRY-LEFEBVRE fonde sa famille autour des naissances suivantes :

 

- Charles Louis LEFEBVRE (03.09.1858 Saint-Germain-en-Laye- ?)

- Alexandre Frédéric LEFEBVRE (15.08.1859 Saint-Germain-en-Laye- ?)

- François Jules LEFEBVRE (22.12.1860 à Saint-Germain-en-Laye-23.01.1867 à Paris, 11ème  )

- Eugénie Clara LEFEBVRE (29.04.1863 à Paris 11ème- ?)

- Félix Anatole LEFEBVRE (29.01.1865 Paris 11ème-25.06.1905 Paris 20ème)

- Marie Louise LEFEBVRE (11.06.1866 Paris 11ème- ?)

- Elie Paul LEFEBVRE (12.05.1868 Paris 11ème-16.10.1868 Saint-Aubin-Château dans l’Yonne)

 

De la recherche complexe de ce qu’est advenu ce couple :

          La recherche concernant ce couple est complexe et ce pour de multiples raisons.

          La première est que les recherches se concentrent sur Paris, capitale qui a subi en 1871 ce que l’on nomme « la commune », période trouble de l’insurrection contre le pouvoir. Sans verser dans un laborieux exposé de ses tenants et aboutissants, cet événement est synonyme de violences, de morts directes et indirectes, de dégradations massives. Ainsi, l’Hôtel de ville de Paris est incendié par les communards le 24 mai 1871, les archives de l’Etat Civil sont entièrement détruites. Les seconds registres déposés au Tribunal ne sont pas épargnés puisque le Palais de Justice est également dévasté.

 

Hôtel de ville incendié, cliché d'Alphonse Liébert

Coin de la place de l'Hôtel de Ville et de la rue de Rivoli

 

 

         Autant dire que mener des recherches généalogiques, sans état civil est déjà une gageure de difficulté certaine. D’autant que la période sur laquelle je recherche Frédéric et Dorothée est concomitante à la Commune, événement auquel d’ailleurs je questionne la présence des deux époux.

         La seconde est que condensant les éléments susceptibles d’affiner ou d’orienter mes recherches, je me retrouve avec une plage temporelle importante sur laquelle travailler. La dernière trace que je trouve les concernant est en lien avec le décès de leur fils Elie Paul LEFEBVRE. Né en mai 1868 à Paris, il décède en octobre 1868, à Saint-Aubun-Château dans l’Yonne, où il y était confié en nourrice chez un certain Pierre DENIS. Dans l’acte de son décès, il est mentionné qu’il est né à Paris en mai 1868 et que ses parents résident dans le 11ème arrondissement de Paris, 30 rue des 3 couronnes.

 Ensuite, plus aucune trace tangible de leur existence n’est mentionnée nulle part.

 Leur décès est évoqué dans deux actes en date des 30.05.1891 et 05.09.1891, à l’occasion des mariages de leurs fils, Alexandre Frédéric et Félix Anatole LEFEBVRE. Dans ces deux actes, il est précisé que tant Frédéric LEFEBVRE que Dorothée BOUTRY sont décédés. Sans plus de précision hormis que dans l’acte de mariage d’Alexandre, l’officier d’Etat Civil fait mention de l’acte de décès de Frédéric remis pour la célébration du mariage de son fils, où est consignée l’information que les aïeuls paternels (Louis Lutée LEFEBVRE et Julie Perpétue Radegonde EUDE) sont également décédés. De même, les témoins attestent de l’impossibilité de produire davantage d’éléments concernant les décès des aïeuls maternels (Gustave Alexandre BOUTRY et Françoise CELLEROT). Il en est de même pour Félix Anatole LEFEBVRE lors de son union avec Henriette BAILLET en mai 1891.

Aussi, pour résumer, il faut parcourir des kilomètres d’archives de 1868 à 1891, amplitude de recherche retenue donc pour la question temporelle.

Mais, se pose également la question du lieu de leur décès, des circonstances ayant amenées leur disparition, le fait que leurs enfants ne sachent où et quand leur grand-mère maternelle ait disparue, alors même qu’aujourd’hui je suis en mesure d’indiquer que ce n’est que 4 ans plus tôt que Françoise CELLEROT est disparue (1887). A l’aune de quel contexte Félix, Alexandre et le reste de leur fratrie ont-ils grandis ? Qui les a élevés ?

 Pour finir, si l’on suppose que ces enfants n’aient pas été élevés jusqu’à leur majorité par leurs parents, qui aurait pris le relais ? Il ne semble pas plausible que les grands-parents aient pu assurer cette mission, au regard des éléments précédemment évoqués. Alors qui ? Des alliés des parents  mais alors lesquels ? Des membres de la famille élargie ? Mais où chercher car comme je le soulignais, les enfants issus du couple BOUTRY-LEFEBVRE sont issus de lignées familiales qui s’étendent de la Normandie à l’Yonne, autant chercher cette aiguille généalogique dans une meule de foin !

 Et pourtant, c’est ce que je m’efforce à entreprendre depuis déjà plus de 7 ans….

 En toute logique, j’ai compulsé les registres de l’Etat Civil Parisien à compter de 1870 sur les arrondissements du 20ème, du 11ème, en vain. J'ai élargi aux autres arrondissements sans succès. Chercher des LEFEBVRE, c’est aussi sympathique que de chercher des DUPONT, LEROY and co !

 J’ai tenté ma chance vers les Yvelines pour revenir sur le lieu de leur union à Saint-Germain-en-Laye, sans succès non plus. Puis, prise dans un tourbillon fourmillant d’idées et de fantasmes les plus fous, j’ai creusé en Seine Maritime, dans l’Yonne, sait-on jamais si le couple BOUTRY-LEFEBVRE avait eu l’envie de retourner vers les racines de leur famille respective. Sans surprise, je n’y ai rien trouvé.

 

Considérant mon hypothèse que la fratrie des enfants BOUTRY-LEFEBVRE n’ait pas été élevée par les parents, j’ai eu la saugrenue idée d’aller tâter le registre parisien des enfants délaissés et assistés…. Diantre, quelle aventure ! et que de pages à ingurgiter !

 Nouvelle idée qui a germé récemment dans mes méninges…. Et si Frédéric LEFEBVRE avait pris les barricades pendant l’insurrection de 1871 ? En me documentant sur cet « épisode » de l’histoire, j’y ai découvert un document intéressant décrivant le « profil » des communards :

 

«  L'insurgé-type de 1871 est un travailleur parisien, un homme d'une trentaine d'années. Parmi ces insurgés, on rencontre principalement les ouvriers du bâtiment, les journaliers, et les travailleurs du métal, ouvriers d'ateliers ou de petites fabriques. Ils forment respectivement 17 %, 16 % et 10 % du total. Viennent ensuite les employés (8 %), les cordonniers-savetiers (5 %), les marchands de vin (4 %) et les ouvriers du livre (3 %), fortement politisés7. Ainsi, de petits patrons côtoient des salariés : aux yeux des marxistes, il n'y a pas eu de lutte des classes  au sens « moderne » du terme. « Des femmes, elles aussi, prennent part à la lutte et s'organisent au sein de comités et de clubs ». 

 

Costumes de la Commune, https://fr.wikipedia.org/wiki/Commune_de_Paris_(1871)                   LouiseMichel

Je n'omets pas de citer ici Louise Michel, femme de lettres, anarchiste et institutrice de son état. Elle participa activement à la Commune, fut arrêtée, déportée en Nouvelle Calédonie. Elle poursuit son combat et ses valeurs l'animeront jusqu'à son décès en 1905. C'était la minute culturelle! 

Je reviens à mes moutons aïeux: Oh ! Tiens donc ! Frédéric occupait les fonctions de mécanicien, de tourneur, âgé en 1871 de 41 ans et Dorothée de 32 ans! Bref, je m'emballe mais c'est une piste à ne pas écarter. Les répressions ont été telles que nombre de "communards" ont été fusillés sur place, sans procès, jetés à même dans des fosses communes.... Je laisse le lecteur de ce billet envoler sa curiosité sur la page wikipedia dédiée à cette époque sombre. C'est très instructif : https://fr.wikipedia.org/wiki/Commune_de_Paris_(1871). Sur la base accessible sur ANOM concernant les convois des communards, pas de LEFEBVRE ni de BOUTRY... Mais il semble que ces bases ne soient pas exhaustives....

 

Liens et affinités du couple BOUTRY-LEFEBVRE :

Comme je le pratique systématiquement lors du traitement de n'importe quel acte généalogique, j'ai relevé les différentes personnes qui ont pu graviter autour de ce couple. Je retiens dès lors : 

-1857 lors de leur mariage, ils sont amis avec  Louis Frédéric BARBARE,  Louis Pierre Frédéric MARTSAULT, Christophe HANON , Paul Auguste MAGNIN

- 1858 lors de la naissance de Charles Louis LEFEBVRE, le témoin est Frédéric Clovis BARBARE, repéré à plusieurs reprises dans les actes concernant les enfants du couple. C'est un cabarétier de Saint-Germain-en-Laye qui réside à quelques mètres de mon couple d'aïeux. 

- 1859 lors de la naissance de Alexandre Frédéric LEFEBVRE, Auguste DELASSE accompagne Frédéric Athanasedéclarer la naissance auprès de l’officier d’Etat Civil,

- 1860, lors de la naissance de François Jules LEFEBVRE, Frédéric Clovis BARBARE est témoin, tout comme Dominique Joseph GILLOT

- 1863 lors de la naissance d’Eugénie Clara Eulalie LEFEBVRE, les témoins sont François CHEVALLIER (ferrailleur), 15 rue Keller à Paris, Pierre CHOVET (fruitier), 128 rue saint Maur à Paris

- 1866 lors de la naissance de Marie Louise LEFEBVRE, les témoins sont Désiré MIGNON (ébéniste), 10 boulevard Ménilmontant à Paris, Auguste DIDOT
(décorateur),Paris

 

Domiciles connus du couple et de leur famille:

- 1857 : 20 rue de Paris à Saint-Germain-en-Laye (78) pour Frédéric Athanase LEFEBVRE

- 1857 : 6 rue des Coches à Saint-Germain-en-Laye (78) pour Dorothée BOUTRY

- 1857-1858 : 6 rue des Coches à Saint-Germain-en-Laye (78) pour le couple

- 1859-1860 : 24 rue de Paris, Saint-Germain-en-Laye (78)

- 1861: 24 section 4 de l'immeuble,  rue de Paris, Saint-Germin-en-Laye (78) 

Recensement 1861 Saint Germain en Laye (78) AD78 Ce recensement est très intéressant; on y apprend qu'à cette époque le couple vit avec leur fils Frédéric Alexandre. Aucune trace de son aîné Charles! Dorothée est mentionnée portant le prénom de "Louise", Frédéric Athanase est quant à lui cordonnier! 

- 1861 à 1863 : aucune information

- 1863-1865 : 50 rue saint Maur, Paris 11ème arrondissement 

50 rue saint maur Paris 11°

- 1866 : 9 impasse Gaudelet, Paris, 11ème arrondissement

Impasse gaudelet paris 

- 1867-1868 : 14 passage des 3 couronnes, Paris, 11ème arrondissement

- 1868 : 30 rue des 3 couronnes, Paris, 11ème arrondissement.

 

plan ancien rue des 3 courronnes Le passage des 3 couronnes n'existe plus. Je ne peut que suggérer une visite sur le blog "rue du pressoir" qui laisse des traces intéressantes d'un Paris perdu, pas encore oublié! 

Café VENON, 26 rue des Couronnes

Métro, Gare des Couronnes

Rue des Couronnes et rue d'Angoulème

Rue des Couronnes

 

Je suis toujours émue lorsque je parours ces anciens plans, ces cartes postales vestiges d'un temps ancien que mes aïeux ont foulés. Mes fouilles m'aident à apprendre encore de lieux que je ne connaissais pas jusqu'alors. Concernant le couple BOUTRY-LEFEBVRE, j'ai pu constater qu'une fois arrivés à Paris, il a certes bougé de lieux de vie mais ce toujours dans un périmètre restreint! Je rêve de fouler ces lieux, en compagnie bien sûr de mon cousin retrouvé via la généalogie!Faudra d'ailleurs un jour que je narre cette belle rencontre! 

Si vous aimez croiser l'ancien et l'actuel, je vous conseille vivement de vous rendre sur le blog "parisrues

Petit message avant de terminer ce billet : si vous êtes parvenus sur cet article avec le même objet de recherche, savoir le couple BOUTRY-LEFEBVRE, n'hésitez pas à me contacter. Nous pourrions mutualiser nos énergies ;) d'avance, MERCI! ;)

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